Supprimer les fonctionnaires pour réenchanter l'Etat ? La proposition tient du sacrilège à gauche, où la défense du service public est une démarche identitaire quand la droite ne rêve que de privatisations. Toucher à la fonction publique, c'est attaquer les fondements du progrès républicain.
Dans quelques pays, pourtant, l'idée d'appliquer aux fonctionnaires les mêmes règles de gestion des ressources humaines qu'aux salariés du privé fait son chemin. Une idée de droite ? Voire. Les conservateurs et les libéraux s'accommodent d'une fonction publique soumise à un statut particulier puisque, dans leur esprit, l'Etat doit être confiné dans ses missions strictement régaliennes : justice, police, impôts. La gauche, elle, défend une notion beaucoup plus large du service public et commence à se dire que cette conception ne peut prévaloir que si la performance publique est au moins égale à la performance du privé, surtout là où peut exister une mise en concurrence.
Prise de conscience. L'échec du tout-Etat dans les anciens pays du bloc communiste a accéléré cette prise de conscience. Dès la chute du mur de Berlin, en 1989, s'est posé le problème de trouver une troisième voie entre le tout-Etat et la conception minimaliste de la puissance publique chère à la droite libérale. En Pologne, la gauche moderniste s'y est pour l'instant cassé les dents. «Homme clé de ces réformes, le vice-Premier ministre Jerzy Hausner représentait les options sociales-libérales au sein de son parti très divis