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Sanctuariser l'eau

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Elle est un besoin mais aussi un droit. Cette ressource en danger mérite un statut juridique et doit échapper à toute forme de marchandisation.
publié le 10 novembre 2005 à 4h29
(mis à jour le 10 novembre 2005 à 4h29)

La mondialisation dérégulée engendre des «maux publics mondiaux» ­ l'accaparement de biens matériels ou immatériels ­, et il convient de leur opposer les «biens publics mondiaux». Mais il y a deux façons de penser ces «biens». Soit assurer que le marché, en ce temps d'effacement du rôle de l'Etat, doit donner le la. Soit estimer, à contre-courant, que développement durable et laissez-faire sont incompatibles. C'est la thèse de penseurs-activistes de gauche, emmenés par l'Italien Riccardo Petrella, qui parlent alors de «res publica universelle». Et concentrent leur lutte sur l'un des enjeux majeurs du XXIe siècle : l'eau. «C'est la vie, et la vie, c'est un droit humain indivisible et inaliénable», rappelle Petrella pour qui «la droite, elle, n'y voit que la gestion d'une ressource naturelle.»

Distribution gratuite. Si l'eau est un droit et non un besoin, il s'agit alors de lui donner un statut juridique «adapté à la nature vitale et non substituable», estime, de son côté, la juriste canadienne Sylvie Paquerot, c'est-à-dire un statut qui «vienne remplir un vide du droit international». Si l'accès à l'eau est un droit, il doit échapper à toute forme de marchandisation. CQFD. Le Contrat mondial pour l'eau, coalition d'ONG, de réseaux et de mouvements sociaux du monde entier, milite donc pour une gestion «démocratique, solidaire et durable», assurée par des règles et des institutions de nature publique. Excluant toute privatisation, même légère, comme l'ouverture de capital. Il fa