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Libération

''Comme une autre morale''.

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par Rachid O.
publié le 16 mars 2006 à 20h37

Ecrire en français donne un autre sens, un autre charme, je crois, à mes sujets, à mes textes : je ne pouvais pas, je ne pourrais toujours pas écrire ce que j'écris en arabe. Ecrire en français, devenir écrivain, ce n'était pas une ambition pour moi. Et maintenant écrire en arabe, devenir écrivain arabophone en est une. Le français, c'est comme une autre morale, ça me permet d'être plus séducteur. Ça a été mon rapport le plus simple avec la France : pour des questions de visa, je ne pouvais pas y aller facilement, écrire en français m'a donné un lien à la France. Ça me rend plus proche des Français tout en restant étranger, et ça me donne une étrangeté au Maroc.

J'ai vraiment rencontré la France à seize ans, quand j'ai eu un amour français. Jusque-là, j'étais plutôt bon élève en français et c'était tout. Grâce à mon amour, j'ai appris le français le plus naturellement possible, la langue et les moeurs en même temps. Pour moi, c'est une langue moins impressionnante que l'arabe, même s'il dit plus la vérité. C'est une langue étrangère, alors je m'y sens plus en liberté. Rencontrer une autre langue que celle que parle sa famille, c'est comme rencontrer un ami avec qui on est à l'aise, tandis qu'on ne l'est jamais avec sa famille, que l'arabe me rapproche de ma famille, du Coran, du sacré, du tabou. La francophonie, pour moi, c'est le lien Maroc-France, c'est l'étranger chez moi.

Je ne suis pas dans une famille où on parle français, je ne parle jamais français chez moi et je ne pa