J'aime à tisser ma relation avec toi dans le silence. Pas de nos lèvres. Mais de l'autre. De son regard disséquant nos ébats. Nos jeux de langue et de mots. Dans l'attente, on pourrait croire, de la moindre infidélité. Comme s'il ne s'était toujours pas fait à notre liaison. Que, quelque part, dans son for intérieur, il doit prendre pour une de tes foucades. Ou une mésalliance. Ce regard scrutant, inlassable, nos étreintes. Espérant la note fausse, qui ne saurait tarder. Les souffles en dissonance, les membres mal arc-boutés. Comme s'il fut le seul à pouvoir décrypter la géographie de ton corps avec le juste toucher. A pouvoir en tirer la musique qui s'accordera au Temps.
J'aime à tresser notre relation de l'intérieur de mon enfance. Insulaire, et lointaine désormais. Du plus intime de moi-même. Dans l'ânonnement déférent qui, enfant, me faisait te voir en damoiselle inaccessible quand tu marivaudais, et depuis fort longtemps, ton rire, ta chair et tes rêves de grandeur dans tous les bouges de la planète. Quand certains ne pensaient à te dévoyer que dans la soie et que tu traînais dans les bas-fonds. Quand plus d'un t'aurait voulu pucelle et que tu étais putain. Qui te connaît sait que tu n'es ni jamais ne seras d'un unique horizon. D'une unique couche. D'un unique élan. Et si un guerrier de passage te croit conquise, déjà tu lui tournes le dos. Rivière, tu abouches tes lèchements au rivage qui t'héberge. Toujours en quête de lits neufs. Sans dédaigner pour autant les caresse