Pourquoi j'écris en français ? D'abord, parce que l'histoire : en 1830, une langue armée jusqu'aux dents soumet plus d'un siècle durant une autre langue, beaucoup moins armée, dira-t-on. Ça, c'est le pitch de base.
Ensuite, d'après la feuille de route, ce langue à langue, terrible, mortifère, devait en théorie prendre fin à l'indépendance.
Que nenni, l'Algérie va sombrer dans une sombre névrose identitaire, qui, hélas, malgré ses deux cent mille morts en facture, perdure encore.
Ensuite le vécu, parce que la chair blonde de mes seize ans se souvient, les premiers frissons d'aise dès le vent des pages, Rimbaud, Camus, parce que mes premiers poèmes d'amour, préciosité ampoulée, truffés de Cupidon aux souples flèches, en français, mon cher Watson. Parce qu'en arabe, avec plus de quatorze siècles de censure dans la marmite, l'identité de masse ferme fort le clapet à l'identité singulière.
Et donc, c'est très rapidement que cette chair si blonde va se voir circoncise par la célèbre et très arabeuse nation algérienne. Le français y sera déclaré vite renégat, et tout usager taxé de valet de l'impérialisme, de collabo, de parti de la France, jusqu'à épuiser le stock nominal ornithologique.
Reste comme seule issue la stratégie de l'interstice, arraisonner des espaces de ruse de parole, l'underground forcé, tous les ultramarins en conviendront, sauvegarder le statut de la parole, à la machette s'il le faut.
Maintenant, abordons le vrai pourquoi du vrai comment, en d'autres termes osons le b