10 août 1539. François Ier signe, au château de Villers-Cotterêts, les ordonnances qui imposent l'abandon de la langue latine par le pouvoir temporel, lequel va promouvoir sa propre langue, distincte de celle du pouvoir spirituel, pour, dit-il, «pourvoir au soulagement de ses sujets». A l'époque, le latin est la plus puissante langue de culture du monde, celle de l'Eglise et de l'Université. Le pouvoir royal décide d'imposer, dans les actes publics et sur tout le territoire, la langue qu'il pratique, qu'habilement il désigne comme le «langage maternel françois». Au lieu d'enjoindre aux locuteurs de se soumettre, il énonce : «Je vais parler, moi l'Etat, la langue de mes sujets.» C'est une fiction. Dans la France de 1539, l'immense majorité de la population parle les différentes langues régionales : les langues d'oïl, le franco- provençal, les diverses variétés de la langue d'oc, le breton et le basque. Mais en ville, le français gagne du terrain, même dans le Sud.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la langue française, relativement récente comparée aux langues classiques ou aux langues sans écriture, devient celle de la plus grande puissance d'Europe, puis, au siècle suivant, celle d'une grande puissance coloniale.
Muni très tôt dès le XIIe siècle , de littérature écrite et, dès le XVIe, de grammairiens et de lexicologues multipliant grammaires et dictionnaires, le français fait partie de la poignée de langues les mieux illustrées par la littérature, les mieux défendues par le tra