Il est raisonnablement fréquent, lorsqu'on entre dans un bureau, au Québec, d'être prié in petto de se déshabiller. Il est également naturel de répondre à l'invitation non pas en enlevant sa camisole (traduire «tricot de corps») et son string (traduire «string») mais en accrochant son paletot (traduire «long manteau chaud») à la patère (traduire «perroquet»). En Belgique, il en va tout autrement, comme le relève le professeur Michel Francard. Prorecteur (directeur adjoint) de l'université catholique de Louvain, il n'invitera pas un(e) étudiant(e) à se déshabiller parce que cet usage du verbe, en français de Wallonie, est un peu vieux jeu, voire vieilli. Michel Francard sait de quoi il parle puisque l'étude des «variétés de français» de par le monde est précisément la spécialité qu'il enseigne. C'est aussi celle qui lui vaut d'être coresponsable de la Base de données lexicographiques panfrancophone, la BDLP, un formidable instrument d'exploration du français tel qu'il se dit et s'écrit hors la France métropolitaine, de La Réunion au Maroc en passant par la Belgique et le Québec.
Mise en ligne en mars 2004 (1), la BDLP est à la fois un dictionnaire encyclopédique des variations du français dans le monde francophone et une mine d'informations sur l'évolution de la langue. Une cinquantaine de linguistes regroupés en un réseau international fédéré par l'Agence universitaire de la francophonie (AUF) travaillent à enrichir cette base de données qui couvre à présent onze pays et régi