Dans l'actualité de «Ultra Moderne Solitude», entretien croisé avec Alain Souchon et Laurent Voulzy, les Lennon et McCartney de la chanson française. Paru le 14 avril 1989.
L'extrême sensibilité, la fragilité, la sérénité médiatique, qu'est-ce qui a joué ?
Alain Souchon. Ah ! Je ne sais pas, franchement. J'ai écrit des chansons très dures, comme Tu vois pas qu'on s'aime pas, le Dégoût ou C'est comme vous voulez, mais ce sont celles qui ont le plus de succès qui constituent l'image que le public retient. Dans mon cas, ce sont des chansons douces. Mais je ne suis pas que ça : je casse la gueule à quelqu'un s'il m'emmerde trop.
Laurent Voulzy. Les gens ne savent pas ça, mais Alain, c'est un délinquant. Il aurait pu faire un vrai voyou. En fait, c'est deux personnes à la fois : fragile, c'est vrai, mais aussi capable de trucs ahurissants que je n'oserais jamais. Ça ne le gêne absolument pas de prendre des sens interdits, des ronds-points à l'envers, il rentre chez les gens sans la moindre gêne, sans prévenir. Et dans les églises, il mène une vie incroyable : il tombe en extase devant les statues, se roule par terre, fait des galipettes devant les pauvres gens qui font leur prière... C'est terriblement embarrassant ! La seule chose qui le différencie d'un furieux complet, c'est qu'il ne veut pas faire de mal aux gens. Sinon, pour ce qui est des conneries...
Alain Souchon. Fêtes, fins de fête, casinos démolis... j'aime bien ça, avec des clins d'oeil à des musiques pas très actuelles :