Julien Clerc
Deux ans avant ses retrouvailles avec le parolier Etienne Roda-Gil, Julien Clerc évoque son rapport à l'écriture et à ses auteurs au moment où sort «Fais-moi une place». Paru le 30 janvier 1990.
Vous n'avez jamais écrit le moindre texte ?
J'ai un peu essayé au début. J'écrivais des poèmes au lycée. Des trucs d'escroc : les carreaux, la nappe blanche, le ciel... Une suite de mots. Peut-être qu'au fond la poésie m'intéressait, mais je me suis vite rendu compte que je n'avais aucun style, pas de talent. J'aurais pourtant aimé être un bon écrivain. Un bon écrivain de chansons. Peut-être que je m'y mettrais, mais pour la chanson, c'est râpé.
Pendant longtemps, il y a même eu chez moi un refus de l'écriture. Quand je suis à l'autre bout du monde, je téléphone. Je me rappelle qu'à une époque où on composait des chansons avec Maxime Le Forestier, il m'a dit : «C'est marrant, dans cette maison, il n'y a pas un stylo, pas un papier.» Maintenant, j'y fais un peu attention...
Vous vous retrouvez dans ce qu'on vous écrit ?....
Comme je n'écris pas, il faut bien que je me retrouve dans les mots des autres. C'est sans doute pour ça que j'ai une relation immédiate, qui peut sembler violente à quelqu'un qui s'est cassé le cul à écrire pendant des heures. Je prends ou je ne prends pas. Ça n'est pas facile de refuser un texte. Mais tous connaissent l'axiome de départ : je suis honnête. Pour ce disque, ils ont à peu près tous tâté le terrain sauf Murat qui m'a envoyé son texte comme ça