Nino Ferrer
Nino Ferrer s'est suicidé d'un coup de fusil dans un champ le 13 août 1998. Trois ans plus tôt, has-been pour le métier, il donnait un de ses derniers grands concerts aux Francofolies de La Rochelle. Parcours d'un désabusé. Paru le 14 août 1998.
«L'histoire que je vais vous raconter n'est pas drôle, ça fait trente ans que je cours après ce chien.» Ainsi Nino Ferrer présentait-il sa fameuse Mirza à l'été 1995 sur la scène des Francofolies. Le public, près du port de La Rochelle, était venu en nombre, ce soir-là, pour faire «la fête à Nino». Le chanteur, toutefois, n'était pas d'humeur à s'amuser et rechignait à passer en revue les quelques succès qui ont assis sa réputation au milieu des années 60 («ils pèsent sur moi comme une chape de plomb»). Une version vite expédiée des Cornichons, une reprise sans flamme de Je veux être noir où il saluait James Brown et Ray Charles, modèles de toujours, et il manifestait déjà son envie d'aller voir ailleurs, invitant ses fidèles à en faire autant («allez, courez, vous avez encore 72 concerts»). La foule, qui réclamait toujours les mêmes plaisirs (le Téléfon, Oh ! hé ! hein ! bon !, Madame Robert), lui tapait sur le système, et il ne s'en cachait guère.
Coiffé d'une casquette de Corto Maltese, accompagné d'un orchestre drôlement attifé jouant un rock un peu psychédélique hors d'âge, il alignait sans s'émouvoir des chansons plus ou moins récentes qui n'ont jamais trouvé leur public. L'une d'elles, Rock'n roll cow-boy, disait : «I