Stephan Eicher
Stephan Eicher rencontre son plus gros succès avec l'album «Engelberg». Deux ans plus tard, il déménage son home-studio à Carcassonne pour un album du même nom. Reportage. Paru le 21 juin 1993.
Stephan Eicher, le Bernois de Zurich, a pris ses quartiers parisiens. Un hôtel de Saint-Germain-des-Prés où les salons ont gardé la pierre et l'atmosphère monacale. Dans sa cellule-appartement, un air symphonique de Chostakovitch, un désordre de K7 new age et de livres d'art, un livre ouvert de Joe Bousquet, poète carcassonnais («le fameux Cahier noir», souligne le compère, Philippe Djian), des dessins et collages, carnets de route que la Suisse est sur le point d'exposer dans sa ville adoptive de l'Aude. Au total, le fatras correspond assez peu à l'idée qu'on se fait d'un type dézinguant régulièrement sur scène Highways to Hell ou Born to Be Wild. Mais Eicher l'Européen souhaite qu'on le rencontre ainsi. Pour continuer la visite guidée, on signalera la présence, dans une pièce adjacente, d'un quadragénaire au costume ample, un peu froissé, dont la conversation retombe rarement. Martin Hess, le manager, ne quitte pas le chanteur. Jusqu'au succès exceptionnel d'Engelberg, le couple a fait son chemin. En matière d'affaires, ils partagent tout, 50-50. En termes d'existence, ils s'équilibrent.
Eicher, c'est la curiosité («sa très grande qualité», dit le mentor) ; Hess, c'est l'autodidacte qui a mis à profit les jeunes années où il fut alité, tuberculeux, pour absorber l'énorme