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Libération

Deux fenêtres sur ton âme

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par Emmanuelle MAIA
publié le 13 juillet 2007 à 8h49

Notre histoire a débuté comme la plupart des autres, sans crier gare. Un pied de nez à la chance ou au destin, au cours d'un vernissage d'art. Tu étais au bras d'une blonde, mon amour. Quel était son nom déjà ? Je ne m'en souviens plus. Après tout, qu'importe. Avant la fin de la soirée, je savais que tu serais à moi, et j'avais lu dans tes yeux le reflet de cette certitude. Elle était là, cramponnée à ta main comme une gamine. Elle riait, chuchotait des mots futiles au creux de ton oreille, déposait des baisers sur la peau si douce de ton cou, mais elle avait déjà perdu toute réalité pour toi. Et je pense qu'elle le savait aussi.

Tes prunelles m'effleuraient depuis cet angle du mur où tu t'appuyais, et mon coeur palpitait sous mon sein telle une mésange affolée. Moi, je jouais aux relations publiques pour ces gens qui m'indifféraient tout en dissimulant mon trouble sous un sourire de circonstance. Un étrange frisson naissait de mon bas-ventre et remontait le long de mon épine dorsale, une vague humide de chaleur qui me laissait pantelante. Tes yeux, mon amour. Tes yeux possédaient ce pouvoir. Et j'étais prête à m'y abandonner.

Quand les derniers invités sont partis, tu n'étais déjà plus là. La blonde t'avait entraîné ailleurs, sans doute dans l'espoir vain de te reconquérir. Mais je conservais sur ma peau, comme un secret silencieux, la caresse de ton regard intense.

Tu es revenu le lendemain. Depuis le seuil de la galerie, il m'a semblé que je plongeais dans un rêve éveillé en