Paru le 19 décembre 1992
De loin, on n'aperçoit que la fenêtre en demi-lune, la silhouette massive de la maison sur le ciel étoilé. De près, une longue tablée. Il n'occupe pas la place d'honneur, il sourit et détaille, comme s'il n'en revenait pas, les visages épuisés autour de lui. Deux heures plus tôt, Richard Roman a quitté la prison de Varces dans un vrombissement de moteurs. Acquitté mais protégé. On l'a fourré dans six voitures-relais avec leurre, pour d'éventuels suiveurs, avant de l'amener dans ce lieu secret, paisible, entre chevaux et daims.
Pour une nuit, c'est une escale. Demain, on verra s'il faut alerter les Renseignements généraux en cas de problème, comment circuler, où aller. Car, si l'innocence de Richard Roman, inculpé, puis accusé quatre ans durant du viol et du meurtre de Céline Jourdan, 7 ans, a été reconnue jeudi à 16 heures par la cour d'assises de l'Isère, les clameurs d'une famille frustrée d'une condamnation annoncée sont encore proches. Il s'est trouvé des gens pour prédire que Roman «ce serait un nouveau Laroche». Pour penser qu'il a échappé à la justice, faute de preuve, voilà tout. Ses yeux sont trop pâles, son visage qui rougit d'un coup lorsqu'il s'émeut, sont connus de la France entière.
Décompression. C'est une fête lente, une nuit suspendue. Henri Leclerc, Muriel Brouquet, Alain Molla, Joëlle Vernay rayonnent. L'affaire Roman, avec ses quatre années d'instruction, ses interrogatoires qui ne venaient pas, ses contre-e