Retirée auprès de sa soeur Madeleine, à Cannes, où elle ne rate pas un épisode des Feux de l’amour, Simone Weber, 77 ans aujourd’hui, continue de nier : ce n’est pas elle qui a tué, puis tronçonné à la meuleuse à béton Bernard Hettier, son amant volage.
Ce crime commis en 1985 lui a valu vingt ans de prison infligés en 1991 par la cour d'assises de Nancy, qui n'a pas manqué d'arguments : quinze lourds sacs-poubelle descendus dans la nuit, des traces de sang, des bruits de moteurs résonnant jusque chez les voisins, un appartement nettoyé à grande eau. Il n'empêche. Elle nie en bloc et tient tête. «Des fois, disait-elle en parlant du disparu, dans la rue, je crois le reconnaître : je m'approche, et puis c'est un autre. Je me raisonne, je sais qu'il est mort, et que, s'il était vivant, il ferait signe.»
«Mémé flingueuse». Le juge d'instruction Gilbert Thiel (que Simone appelait alternativement «mon poussin» et «Touvier») avait accumulé 15 000 pages de dossier. Au fil de l'enquête, Simone est devenue la chouchoute des journalistes, qui lui trouvent aussitôt comme à tous personnages célèbres des surnoms : «la diabolique», «la mémé flingueuse», «la bonne dame de Nancy». On se dispute ses bons mots. Elle le sait, en rajoute. Roulant ses gros yeux sous sa blonde indéfrisable, elle torpille avocats, policiers, experts, témoins.
Un enquêteur avait multiplié les commentaires : «Jalouse, tragédienne, possessive, rusée, déroutante.» «Pourritu