Paru le 28 mars 2001
Quatorze heures hier, cour d'assises de Paris. La salle bondée, surchauffée, attend le face-à-face entre Guy Georges, 38 ans, et Elisabeth O., 28 ans, la survivante. Elle, rousse aux cheveux flamboyants, paralysée dans un fauteuil roulant, guette le box des accusés, encore vide. Elle a échappé à Guy Georges, l'été 1995. Un an plus tard, en Crète, elle a été emportée par un tourbillon et s'est brisée contre les rochers. Et Guy Georges entre, changé, le crâne rasé, la mine grave, avec un pull-over de laine blanche. Plus de cheveux, plus de survêtement. Me Frédérique Pons, déchirée par une défense intenable, se tourne vers son client, les yeux dans les yeux, oublie le micro : «Guy Georges, hier, en fin d'audience, Alex Ursulet vous a demandé si vous ne considériez pas que refuser de répondre aux questions sur l'assassinat d'Agnès Nijkamp et accepter de répondre sur le viol d'Annie F. était incohérent, susceptible d'être interprété. Est-ce qu'aujourd'hui vous pouvez préciser ?» Guy Georges secoue la tête : «Non.» L'avocate chancelle et, du regard, appelle son collègue à l'aide. Me Alex Ursulet prend la parole, essaie à son tour : «Pourquoi niez-vous, alors ? Si vous avez des choses à dire, c'est là. Dans quelques instants, la seule rescapée va témoigner. Et personne ne supportera le silence. Ni les familles, ni elle, ni nous. Si c'est vous l'agresseur, je vous demande de le dire.» Guy Georges, obstiné : «Non.» Tout près du visage de Guy Georges, l'avocat pa