Paru le 28 mars 2001
«Ce soir-là, j'avais 24 ans, j'avais fait la fête et rigolé dans le quartier. Je dansais, je m'amusais. Avec l'innocence que j'ai perdue depuis. Le monde m'appartenait. J'avais la vie devant moi. Alors peut-être grisée par la vie, je n'ai pas vu que j'étais suivie ou attendue. J'ai ouvert ma porte à l'étage, j'ai entendu la porte en bas claquer, j'ai pensé à un voisin. Tout à coup, je vois un individu grimper sans effort et se jeter sur moi, avec tellement de puissance, me plaquer contre le mur, lui tout contre moi, qui met son couteau sous ma gorge. J'étais pétrifiée, terrorisée, jamais eu aussi peur. Le visage, la corpulence, la puissance de mon agresseur, entièrement concentré pour me mettre à sa merci. «Depuis le début du procès, il me fait peur. Mais il m'a fait peur pendant cinq ans. Je ne dors pas bien, je suis fatiguée, alors je mets des petites stratégies en place, des bougies et un chien. Ce soir-là, je m'appuyais contre le mur, le plus loin possible de lui, l'agresseur me pointait un couteau sous la gorge. A tout moment, je pouvais être poignardée, souffrir. La nuit, parfois, je me réveille. Je sens un couteau entrer dans ma chair, et ça fait mal. Je pense aux autres victimes, et j'ai mal, à ma tête, à mon ventre, à mon cou, à mon sexe. «Il me dit : "Tais-toi et rentre." Je fais tomber mes clés. Dès que je m'oppose, je suis sur le point d'être poignardée. Je ne m'assois pas dans le fauteuil, mais sur l'accoudoir, on se sent moins bas, moins fr