La robe était blanche.
Pure.
Limpide.
Ma fille de 6 ans me la réclamait depuis des lustres.
Dans la boutique, rue des Amarres, chaque fois que nous passions, j'avais le droit au même cirque.
Elle passait devant en rentrant de l'école. Et chaque fois, elle hurlait, elle criait, elle gesticulait devant cette vitrine.
Et chaque fois je résistais.
Maman ! Maman ! Regarde, c'est exactement la robe que je veux ! Je veux cette robe ! C'est celle-là !
Oui ma chérie, répondais-je alors, pour atténuer ses cris. On verra, on verra. Tu demanderas à papa. Pour ton anniversaire, peut-être, on verra.
Mais je la veux tout de suite, je l'adore trop !, hurlait-elle, mâchonnant à moitié une sucette.
Fais pas ta petite fille gâtée, Suzanne. Arrête je t'ai dit.
C'était là tout l'embarras d'une mère. Plaire à sa fille en maintenant ses gardes, résister, continuellement. Donner des gages de mon amour, à travers d'autres signes que des achats, des bonbons, des poupées. Des robes.
Je suis passée un matin devant la boutique.
J'étais seule.
J'ai vu la petite robe blanche dans la vitrine.
Elle me narguait.
J'entendais la petite voix de Suzanne, stridente, me criait d'acheter cette robe.
Mes vieux démons, mes vieux souvenirs, mes envies de petite fille.
Je suis entrée et la lui ai achetée.
Le sentiment unique d'être pleinement moi au moment de l'achat. J'étais heureuse. Satisfaite et heureuse. Pas pour Suzanne. Pour moi. J'achetais la petite robe de mes rêves.
C'est pour offrir ? M'a interrogée la vendeuse.
J'ai a