Paru le 25 mars 1997
David habitait juste à côté, mais il a préféré prendre son vélo. «Pour pouvoir freiner», a-t-il expliqué, et le psychiatre a dressé l'oreille. Seulement il n'a pas pu freiner et il a tué le curé de Kingersheim de trente-trois coups de couteau, pour «[se] libérer de son mal de vivre». David Oberdorf n'a toujours pas exactement compris ce qui s'était passé et si c'est bien Satan qui a armé son bras. Mais, en prévision de la reconstitution du crime, qui a lieu ce soir au presbytère, il a demandé à son avocat de venir le chercher à la prison en voiture. Au cas où ça se reproduirait.
David connaissait le père Uhl. Il avait fait sa communion avec lui dix ans plus tôt et lui passait de temps en temps un petit coup de fil anonyme «sur Auschwitz»,«pour l'embêter». Le curé de Kingersheim, 11 000 habitants, dans la banlieue de Mulhouse, bon comme le bon pain, avait cru que c'était un certain Stéphane qui lui jouait des tours et n'en avait pas fait une histoire.
«Musique vampirique». Depuis déjà un moment, David ne se sentait pas très bien. Un jour, il avait avalé des médicaments, par trois fois il s'était tailladé l'avant-bras avec un cutter. Il a raconté la journée du jeudi 19 décembre 1996. «Je me suis senti poussé, il fallait que je fasse quelque chose pour me libérer de mon mal de vivre. Je me suis dit que si j'étais comme ça, c'était un peu à cause des gens d'Eglise.» Il a écouté un peu de Darkness Enshroud, un groupe américain