Paru le 23 janvier 1998
Metz envoyé spécial
Il vient de tuer une jeune femme. Vingt coups de couteau. Et, de retour chez lui, Pierre Navelot prend son «livre». Un petit cahier de brouillon, bien tenu, sur lequel il consigne depuis des années des notes sur les tueurs en série. Charles Manson, Jack l'Eventreur, Ted Bundy et les autres. Classés, avec palmarès et nombre de victimes. Au bas de la liste, un nom inconnu des spécialistes. Le sien. Et, sous le nom, le chiffre : «1». Pierre Navelot vient de démarrer sa «carrière». Même s'il se sait encore loin du but, loin de ses «trophées». Le petit «1», c'est pour «se faire plaisir» qu'il l'a écrit.
Coupé dans son élan. Depuis dix ans, il porte en lui une «pulsion de mort», cherche la «sensation de tuer» et voue un culte aux tueurs en série. Il sait que, «normalement, un serial killer n'existe qu'à partir de trois victimes». Pas dupe du chemin qui lui reste à parcourir, mais satisfait quand même. Jusqu'à ce que des inspecteurs de police cognent à sa porte, dès le lendemain, et qu'il leur lance : «Ça m'embête que vous m'arrêtiez maintenant. Vous mettez un terme prématuré à ma carrière.»
Dans son studio d'étudiant, les pièces à conviction fourmillent. Il y a la Carte bleue de la victime, le couteau du crime, des vêtements ensanglantés dans le vide-ordures. Et puis, surtout, il y a ce cahier, avec ce texte, la Fin du monde, écrit à l'été 1997, et qui raconte par l