Musée de l’histoire de Paris, octobre 2024, quelque 230 ans après la Révolution. Un homme se colle à la vitre du cadre reliquaire du citoyen Lefebvre, afin de déchiffrer des écrits glissés sous une pique rouillée, une cocarde en laine et du laurier séché. Plus loin, quatre Japonaises se prennent en photo en souriant devant la porte d’une cellule de la prison Saint-Lazare – et se font gronder par une gardienne de musée quand l’une prend le loquet dans sa main gauche. Devant une guillotine vintage, c’est comme un défilé. Pour instagrammer le célèbre objet, mais aussi pour scruter les détails de cette lame à peine abîmée, du bois qui s’est creusé, des systèmes de poulies qui permettent d’imaginer sa fonction, celle de couper des têtes.
Dans une exposition aussi riche que fascinante, le musée Carnavalet s’attaque à un pan majeur de l’histoire de la capitale et de l’Hexagone : la Révolution française. Seulement, cet accrochage ne couvre pas l’événement dans sa durée, de l’ouverture des états généraux – le 5 mai 1789 – jusqu’au coup d’Etat de Napoléon Bonaparte – le 9 novembre 1799. «Paris 1793-1794, une année révolutionnaire» s’attache en effet à documenter cette «année exceptionnelle, et même mythique», estime Jean-Clément Martin, l’un des plus grands spécialistes de la période et membre du comité scientifique de l’expo.
La densité des œuvres permet de répondre à de nombreuses questions
«Face à la clarté de «89», «93» apparaît bien plus ténébreuse et embarrassante», prévient d’emblée le texte introductif de la première salle,