L’inusable Cohn-Bendit finit par se faire vieux. Alors qu’il fête ce 4 avril ses 80 ans, il entreprend de se raconter dans Souvenirs d’un apatride (Mialet-Barrault éditeurs), un livre coécrit avec la journaliste Marion Van Renterghem. Sans surprise, il conclut son récit par un vibrant plaidoyer pour le combat de sa vie : «L’Europe est maintenant le seul continent démocratique de la planète […]. La fédération de ces nations démocratiques est la seule réponse possible à tout ce qui nous menace.» Il veut croire qu’avec un peu «d’imagination politique», on finira par convaincre qu’au temps de Trump, de Poutine et de leurs marionnettes, «l’espoir républicain» est désormais bien mieux incarné par l’hymne de l’Union, l’Ode à la joie de Beethoven, que par la Marseillaise. «L’Europe fédérale ou la barbarie», voilà où nous en sommes, conclut l’ex-eurodéputé, dans un clin d’œil à Socialisme ou barbarie, titre de la revue de la gauche anti-stalinienne qui a bercé sa jeunesse au milieu des années 60.
Dans une lettre adressée à son ami Erich Cohn-Bendit, père de Daniel, la philosophe allemande Hannah Arendt écrivait en 1940, à propos des persécutions des Juifs et des peuples d’Europe : «Notre destin ne