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Libération
Reportage

A Cuba, des intellectuels en ébullition dans une dictature à bout de souffle

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LGBT +dossier
«Dommage anthropologique», «désobéissance technologique» ou encore «populisme punitif» : en dépit des difficultés économiques et de la répression politique, les intellectuels continuent de produire des concepts originaux pour penser la situation qu’ils traversent.
L’essayiste, éditeur et critique culturel Roberto Zurbano, à La Havane en février 2024. (Nicolas Celnik)
publié le 3 avril 2024 à 16h23

Avec le soleil qui tape aux vitres et la vingtaine de motos, scooters et vélos trafiqués aux moteurs encore chauds et odorants entre lesquels on est collés, le «bicybus» se transforme vite en fournaise ambulante. On s’y fera : c’est le moyen le plus courant, et le plus économique, de passer sous le tunnel qui sépare le centre de La Havane du Reparto où nous reçoivent Javier L. Mora et Zulema Gutiérrez. Ils habitent un modeste appartement dans un immeuble avec vue sur la mer. Pour une maison d’intellectuels, il n’y a pas beaucoup de livres. Pas beaucoup de pas grand-chose, en fait : une étagère à moitié vide, une table pour travailler, trois fauteuils sur lesquels on s’installe pour entamer la discussion.

L’île traverse, depuis la pandémie, l’une des pires crises sociales et économiques de son histoire, et le couple d’intellectuels, artistes et militants, n’a pas été épargné, surtout depuis qu’ils ont participé aux manifestations du 11 juillet 2021, le mouvement de contestation le plus massif de l’histoire récente du pays.

«Le peuple cubain est descendu pacifiquement demander un changement de régime, et l’Etat lui a répondu par des coups, avant d’annoncer que “la rue appartie