Menu
Libération
Exposition

A la rencontre des esprits d’Amazonie

Article réservé aux abonnés
«Les fleuves sont vivants, les papillons ont leur propre perspective, les plantes leurs propres objectifs.» A Barcelone, une exposition réunit des œuvres d’art contemporain pour comprendre par le sensible les visions du monde de ceux qui habitent la forêt amazonienne, si utiles pour penser la crise climatique.
Colectivo Agua (Pablo Albarenga, Mariana Greif, Soll Sousa) avec la collaboration de Raimundo, «Berro Grosso, Memorias del Río», 2023. (Colectivo Água)
publié le 19 décembre 2024 à 16h16

«Quand vous, les blancs, vous détruisez la forêt pour avoir de l’or, vous ne vous rendez pas compte que la disparition de la forêt et de ses esprits entraînera des souffrances pour nous, mais aussi pour vous : les esprits resteront là et se vengeront.» Ehuana Yaira Yanomami pose le constat avec la tranquillité de l’évidence. Elle s’est faite le temps d’un voyage en Europe la porte-parole des yanomami d’Amazonie, qui vivent entre le Brésil et le Venezuela. Une main se lève dans le public, réuni mi-novembre dans un auditorium du centre de culture contemporaine de Barcelone (CCCB) : «Comment gardez-vous la résilience pour vous battre, malgré la gravité de la situation ?» demande avec espoir une jeune femme.

Voilà l’impasse résumée dans ce chassé-croisé de demandes : une membre d’une communauté indigène d’Amazonie qui traverse l’océan pour demander de l’aide pour son peuple, et des spectateurs qui se pressent dans l’espoir de découvrir à travers son témoignage des remèdes à la destruction de la planète. En Europe, les penseurs de l’écologie invitent à s’ouvrir à d’autres cosmogonies ou manières de voir le monde, identifiant dans notre culture matérialiste l’origine de la crise environnementale.

L’exposition Amazonies, futurs ancestraux, présentée de novembre à mai 2025 par le CCCB et dans le cadre de laquelle était organisée la discussion, met les cosmogonies amazoniennes à l’honneur et pose, en creux, une question : des oeuvres d’art peuvent-elles permettre au visit