«DO FÉ I PRAN PA SI NOU» : cette banderole en créole a été dévoilée le 21 mai pour la Marche des visibilités de Saint-Denis, à la Réunion. En français : «Le feu ne prend pas sur nous.» Fin février, le centre LGBTQIA+ de la capitale réunionnaise a été incendié, pillé et tagué d’un nauséabond «Pd pas bienvenu». L’acte ignoble a décidé le couple d’artistes Raya Martigny et Edouard Richard, auteurs d’une série encore en cours sur la jeunesse queer de l’île, à exposer leurs photos dès ce mois de juin, et comme il se doit : en grand et dans l’espace public. Les portraits sont donc collés sur vingt et une mairies au cours d’une expo itinérante, tout au long de ce mois des Visibilités.
L’idée de cette série infuse en 2020, alors que Raya Martigny est de retour sur son île natale, presque dix ans après l’avoir quittée. La jeune femme trans a construit son identité dans l’anonymat d’une grande ville et loin des pressions insulaires, comme de nombreux queers sur l’île. Le couple découvre que la nouvelle génération est déterminée à transformer cette habitude : il faut créer des espaces sur place pour cette jeunesse. L’association Requeer est montée après le premier confinement, donnant naissance au centre LGBTQIA+ qui héberge des jeunes, et la première pride de la Réunion se tient dans la foulée. Un