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Rando urbaine

«C’est privé, là, ou pas ?» : à Marseille, balade avec ces arpenteurs en lutte contre la privatisation des collines et sentiers

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La biodiversitédossier
Voilà plus d’une dizaine d’années que des membres du bureau des guides explorent la ville. Ce jour-là, ces marcheurs écolo avaient invité la juriste Sarah Vanuxem pour laquelle il est essentiel de faire du droit de déambuler une «revendication d’écologie politique».
Sarah Vanuxem, Nicolas Mémain et Julie de Muer, lors du repérage mené par le bureau de guides du GR2013 en chemin vers le quartier la Batarelle de Marseille, en avril 2025. (Geoffroy Mathieu/Libération)
publié le 9 mai 2025 à 16h53

«C’est privé, là, ou pas ?» Moment de conciliabule : nos guides déplient leurs cartes et comparent les indications. Nous ne sommes que sur les collines qui surplombent Marseille, et c’est en consultant le cadastre que l’un d’eux parvient à établir : «Ah oui ! on est en plein milieu de la copro[priété] !» Cela explique les rondes suspicieuses d’un septuagénaire bien mis, polo et lunettes de soleil, qui se demande qui est ce petit groupe de promeneurs qui a pris son pique-nique sous ses fenêtres.

Les membres du bureau des guides commencent à avoir l’habitude de ce genre de réactions. Voilà plus d’une dizaine d’années que cette bande de «poètes qui marchent», comme ils aiment à se décrire, arpente les sentiers urbains pour explorer différents pans de la ville : les infrastructures industrielles, la redécouverte d’un ruisseau disparu ou une visite des bureaux de vote des quartiers aisés qui ont enregistré plus de 50 % des bulletins en faveur du Rassemblement national aux législatives.

L’objectif de la marche du jour est différent : il s’agit de suivre avec les pieds l’évolution des lois. Dans Du droit de déambuler (Wildproject, 2025), la juriste Sarah Vanuxem, qui travaille avec le collectif et fait la visite en notre compagnie, constate que le droit occidental moderne mena