«C’est privé, là, ou pas ?» Moment de conciliabule : nos guides déplient leurs cartes et comparent les indications. Nous ne sommes que sur les collines qui surplombent Marseille, et c’est en consultant le cadastre que l’un d’eux parvient à établir : «Ah oui ! on est en plein milieu de la copro[priété] !» Cela explique les rondes suspicieuses d’un septuagénaire bien mis, polo et lunettes de soleil, qui se demande qui est ce petit groupe de promeneurs qui a pris son pique-nique sous ses fenêtres.
Les membres du bureau des guides commencent à avoir l’habitude de ce genre de réactions. Voilà plus d’une dizaine d’années que cette bande de «poètes qui marchent», comme ils aiment à se décrire, arpente les sentiers urbains pour explorer différents pans de la ville : les infrastructures industrielles, la redécouverte d’un ruisseau disparu ou une visite des bureaux de vote des quartiers aisés qui ont enregistré plus de 50 % des bulletins en faveur du Rassemblement national aux législatives.
L’objectif de la marche du jour est différent : il s’agit de suivre avec les pieds l’évolution des lois. Dans Du droit de déambuler (Wildproject, 2025), la juriste Sarah Vanuxem, qui travaille avec le collectif et fait la visite en notre compagnie, constate que le droit occidental moderne mena