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Interview

Affaire Emile Soleil : «En attendant la révélation de la vérité, on ne peut pas s’empêcher de faire des hypothèses»

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Disparition du petit Émiledossier
L’enquête sur la disparition du petit garçon en 2023 a pris un nouveau virage après que plusieurs de ses proches ont été relâchés de garde à vue. Pourquoi ce fait divers fascine-t-il autant ? Car il nous renvoie à nous-mêmes, rappelant que le pire peut se produire n’importe où, analyse le philosophe Mathias Roux.
Devant le domicile des grands-parents d'Emile Soleil à La Bouilladisse, mardi 25 mars. (Patrick Gherdoussi/Libération)
publié le 27 mars 2025 à 16h03

Désormais, la France entière connaît le nom d’Emile Soleil et du Haut-Vernet, hameau des Alpes-de-Haute-Provence, où le petit garçon a disparu en 2023. Ses grands-parents, et deux de leurs enfants, ont été relâchés dans la nuit de mercredi 26 à jeudi 27 mars de leur garde à vue pour «homicide volontaire» et «recel de cadavre». Quels sont les ingrédients qui ont transformé une banale disparition en «affaire» criminelle, celle d’Emile Soleil qui fait écho à celle du petit Grégory, quatre décennies plus tôt ? Mathias Roux est philosophe et enseignant à l’université de Bordeaux au sein de l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation. Pour le coauteur avec son frère Emmanuel Roux du livre le Goût du crime (Actes Sud, 2023), c’est parce qu’elle touche à la recherche de sens face à l’incompréhensible, et qu’elle comporte une dimension anthropologique profonde, que cette affaire fascine autant qu’elle nous révulse.

Comment est-on passé d’un fait divers à une affaire criminelle qui accapare l’attention collective ?

Ce qui occasionne la transformation d’un fait divers en affaire criminelle de grande envergure, c’est quand, à chaque fois qu’on découvre un nouvel élément, au lieu de clore le questionnement, cela le relance, comme c’est le cas aujourd’hui