Désormais, la France entière connaît le nom d’Emile Soleil et du Haut-Vernet, hameau des Alpes-de-Haute-Provence, où le petit garçon a disparu en 2023. Ses grands-parents, et deux de leurs enfants, ont été relâchés dans la nuit de mercredi 26 à jeudi 27 mars de leur garde à vue pour «homicide volontaire» et «recel de cadavre». Quels sont les ingrédients qui ont transformé une banale disparition en «affaire» criminelle, celle d’Emile Soleil qui fait écho à celle du petit Grégory, quatre décennies plus tôt ? Mathias Roux est philosophe et enseignant à l’université de Bordeaux au sein de l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation. Pour le coauteur avec son frère Emmanuel Roux du livre le Goût du crime (Actes Sud, 2023), c’est parce qu’elle touche à la recherche de sens face à l’incompréhensible, et qu’elle comporte une dimension anthropologique profonde, que cette affaire fascine autant qu’elle nous révulse.
Comment est-on passé d’un fait divers à une affaire criminelle qui accapare l’attention collective ?
Ce qui occasionne la transformation d’un fait divers en affaire criminelle de grande envergure, c’est quand, à chaque fois qu’on découvre un nouvel élément, au lieu de clore le questionnement, cela le relance, comme c’est le cas aujourd’hui