Avertissement
Cet article relate la description de violences sexuelles et peut choquer.
Dans le livre collectif Sous nos regards (Seuil, 2025) consacré aux affaires French Bukkake et Jacquie et Michel, l’historienne des sexualités Christelle Taraud signe une introduction en forme d’alerte. Le porno, visible sur les grandes plateformes (Pornhub, XVideos, etc.), est devenu une machine à détruire les femmes. Sévices sexuels et psychologiques, voire tortures, rien n’arrête la course au clic, au fric et à la jouissance immédiate. Pas de scénarios, pas de décors, les vidéos se focalisent sur toutes sortes de pénétrations, masculines et souvent collectives, où une femme est réduite à un «trou». Une déshumanisation à bas coût – quelques centaines d’euros pour un tournage –, une exploitation organisée des femmes les plus fragiles et démunies économiquement. 51 % des garçons français de 12-13 ans consomment de la pornographie de manière mensuelle, établissaient les chiffres de Médiamétrie, publiés en 2023. Une consommation en hausse. Sur Pornhub à l’échelle nationale, 69 % des consommateurs sont des hommes. Qu’est-ce que cela dit du sexe, de ses pratiques et des imaginaires associés ? «Il y avait quelqu’un dans ce corps, après tout», rappelle l’écrivaine Toni Morrison, citée en exergue de ce livre, qui fait entendre, par la plume de quinze autrices, la voix de femmes qui ont subi ce porn