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Billet

Affamer Paris en trois jours de blocage ? Pas avec les circuits courts !

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Les agriculteurs en colèredossier
Alors que certains leaders du mouvement des agriculteurs appellent à bloquer l’approvisionnement d’une capitale sans autonomie alimentaire, la généralisation d’un modèle local de production revaloriserait la profession tout en mettant les Parisiens à l’abri de la famine.
La ferme Nature urbaine de Paris, ouverte depuis 2020, est la plus grande d'Europe, avec 4500 m2 utilisés pour la culture de tomates, fraises et autres légumes. (Tom Grimber/Hans Lucas. AFP)
publié le 30 janvier 2024 à 8h00

A chacun sa politique du ventre. Celle d’Emmanuel Macron, qui prône le «réarmement démographique», donne dans le natalisme. Les agriculteurs qui bloquent les routes pour Paris ont plutôt les estomacs en tête : «Le but, c’est d’affamer les Parisiens», tançait ce lundi l’agriculteur Benoît Durand. Ce week-end, on lisait sur un tracteur : «Notre fin, c’est votre faim.»

Mais est-il si facile d’affamer Paris ? Au risque d’alimenter les velléités des uns et les peurs des autres – et risquer de déclencher une razzia sur les pâtes et les conserves, il faut le dire : avec un blocage total (on n’y est pas encore, des CRS ont été déployés à Rungis dans le Val-de-Marne), il suffirait de trois jours pour que la capitale commence à crier famine, selon une ingénieure en agronomie citant l’Ademe. En 2017, le think tank Utopies avait mesuré le degré d’autonomie alimentaire des cent plus grandes a