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Entretien

Afrique francophone : «Le nouveau maître colonial, c’est la finance globale»

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L’économiste Ndongo Samba Sylla dénonce l’illusion démocratique des pays d’Afrique francophone. S’il peut y avoir des alternances, les nouveaux venus ne contestent pas pour autant la nécessité de maintenir le même cadre économique néolibéral sans contenu social.
Des jeunes partisans de Bassirou Diomaye Faye célèbrent les premiers résultats annonçant une victoire à la présidentielle, à Dakar le 24 mars. (Zohra Bensemra/Reuters)
publié le 8 avril 2024 à 15h15

Qu’est-ce qui définit réellement un régime démocratique ? La question, posée pour l’Afrique francophone dans un ouvrage récent (1), vaut aussi bien pour les pays occidentaux. Du nord au sud de la planète s’esquisse un même désenchantement, une même frustration de ne plus se sentir représenté par les vainqueurs d’élections marquées par l’abstention ou la désillusion. Dans leur ouvrage De la démocratie en Françafrique. Une histoire de l’impérialisme électoral (la Découverte), l’économiste Ndongo Samba Sylla et la journaliste Fanny Pigeaud s’intéressent justement au sujet de la démocratie en Afrique francophone, et retracent la longue histoire des anciennes colonies françaises vers un horizon plus démocratique pour l’instant tronqué. Pour eux, cette situation n’est pas le fruit du hasard : les mêmes limites au choix des électeurs qui s’observent en Occident, et singulièrement en France, ont été imposées dans les anciennes colonies. Comme l’explique à Libération Ndongo Samba Sylla.

Quelles leçons tirez-vous de l’élection de Bassirou Diomaye Faye au Sénégal ?

Depuis 1960, dans les pays de la «zone franc historique», c’est-à-dire les seize territoires africains au sud du Sahara qui ont été colonisés ou dominés par la France, c’est l