Dans une salle de l’hôtel parisien dans lequel il est logé le temps de son séjour en France, Ahmed Fouad Alkhatib parle très fort. C’est sûrement dû au fait qu’il a perdu l’audition de son oreille gauche, à 11 ans, en 2001, lors d’un bombardement israélien sur Gaza, où il habitait alors avec ses parents. Aujourd’hui chercheur à l’Atlantic Council, un think tank basé à Washington, ce fils de médecin a dès l’adolescence fait tout ce qui était en son pouvoir pour quitter Gaza, à commencer par apprendre l’anglais et à le maîtriser parfaitement : «Je voulais une vie différente. Je rêvais de sécurité, d’une carrière. Tout ce qu’une existence normale en dehors d’une société déchirée par la guerre pouvait m’offrir », écrit-il dans sa contribution à un ouvrage collectif qui réunit des articles d’Israéliens et de Palestiniens. Intitulé Israël-Palestine, année zéro (1), le livre a été coordonné par David Khalfa, chercheur à la Fondation Jean-Jaurès.
Ahmed Fouad Alkhatib a obtenu à 15 ans une bourse du Département d’Etat américain pour effectuer une année d’échange en Californie : «Il m’a fallu traverser l’Atlantique pour rencontrer pour la première fois de ma vie des Juifs et des Israéliens. » Il a voulu prolonger cette expérience américaine au-delà de l’année prévue, tant il n’avait pas envie de retourner à Gaza. Il y est parvenu.
Devenu citoyen américain en 2014 au nom de l’asile politique, il a créé une organisation à but non lucratif dans le but de réunir des fon