Un homme surgit, un exemplaire de Libération à la main : «Vous êtes Alexandre Jardin ? Je suis un gueux. Je soutiens votre combat.» Bleu de travail propret sur marinière à fines rayures, petites lunettes et tignasse grise, gabarit de sexagénaire qui randonne : on dirait un acteur déguisé en lecteur de Libé. Est-ce un complice jouant au fan dans ce café parisien près du parc Monceau ? L’inconnu n’a pas voulu laisser son numéro de téléphone pour une interview. Jardin sourit : «Ça m’arrive moins à Paris, mais lors de mes déplacements en France, je suis apostrophé trente fois par jour.» Ce ne sont pas des nostalgiques de ses premiers romans Bille en tête (1986) le Zèbre (1988) Fanfan (1990), mais des amateurs de son livre les #Gueux (Michel Lafon, mars 2025), qui le hèlent.
Quarante-sept pages incendiaires en forme de tract pour dénoncer le fossé entre les riches et les pauvres creusé par les zones à faibles émissions (ZFE). L’auteur de 60 ans l’a écrit comme il twitte, avec emphase : «J’assume une langue qui n’est pas la mienne habituellement, dit-il. Je veux être compris par tout le monde.» Depuis plusieurs mois le terme «gueux», moyenâgeux, est repris par des