Les domestiques existent toujours. Etre servi à table, se faire appeler «Madame» ou «Monsieur» par quelqu’un que l’on nomme par son prénom, c’est absurde, archaïque, mais cela perdure. Certes, en France, depuis un siècle, de moins en moins de monde emploie du personnel à temps plein. Une partie des familles fortunées s’est appauvrie, les appartements sont plus faciles à entretenir que les maisons, le coût de la main-d’œuvre a augmenté, les femmes des classes populaires se sont tournées vers des métiers plus qualifiés, le mode de garde des enfants a changé et l’intimité est perçue autrement : la cohabitation d’une famille avec du personnel ne va plus de soi. Le terme de «domestique» est banni au profit de l’expression suivante : «aides au domicile». Néanmoins, certains continuent d’employer plusieurs personnes à domicile : elles sont quelques milliers en France, travaillant à temps plein pour prendre en charge les tâches domestiques et la vie familiale de leurs employeurs, dormant le plus souvent chez eux ou à proximité. Elles triment huit ou dix heures par jour, parfois beaucoup plus, et dans la majorité des cas, relèvent du ««travail au gris» : les employés sont déclarés dix heures par semaine et travaillent au noir le reste du temps. L’intérêt pour les relations entre les patrons et les emplo
Interview
Alizée Delpierre: «Aujourd’hui encore, entre les domestiques et leurs employeurs, une logique de possession demeure»
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(Benjamin Adam/Liberation)
publié le 23 septembre 2022 à 11h22
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