C’est le genre de lieu dont on a assez peu parlé pendant les débats sur la loi immigration. Et qui est pourtant au cœur du sujet : un espace frontalier. Celui-ci est au beau milieu des Alpes. Près de Briançon, le col de Montgenèvre est l’un des principaux points d’entrée depuis l’Italie pour les exilés. La sociologue Anne-Claire Defossez et l’anthropologue et médecin Didier Fassin ont réalisé, pendant cinq ans, un travail de «participation observante» dans ce territoire qui, disent-ils, voit passer chaque année 3 000 à 4 000 personnes en moyenne. Pour cela, ils sont devenus bénévoles dans un refuge solidaire : Defossez y effectuait «l’enregistrement des nouveaux arrivants et les aidait à préparer l’étape suivante de leur périple» tandis que Fassin recevait «en consultation des malades et des blessés» et faisait «des maraudes pour mettre à l’abri des personnes perdues dans la montagne».
Cette enquête sur l’exil prend en ce début d’année la forme d’un livre intitulé l’Exil, toujours recommencé. Chronique de la frontière (Seuil). L’essai passe en revue les acteurs sur place, migrants, bénévoles, forces de l’ordre ou encore militants d’extrême droite pour mieux explorer la tension entre accueil et fermeture. Excédant leur sujet montagnard pour donner à leur livre des allures de manuel des migrations contemporaines vers l’Europe, les auteurs décrivent une f