Annie Ernaux a été honorée, le 6 octobre, du Nobel de littérature par l’Académie suédoise, qui a choisi une œuvre auto-socio-biographique dans « une aire à la fois sociale et féministe», comme elle l’a définie elle-même dans son discours le 7 décembre. Née en 1940, fille de petits commerçants d’Yvetot (1), en Seine-Maritime, et autrice d’une vingtaine de récits en plus de cinquante ans chez Gallimard, la 16e femme nobélisée parle de la vie d’après, de l’écriture, des critiques et de politique.
Comment envisagez-vous le rôle d’un Nobel de littérature ?
Je souhaite surtout continuer à écrire. Je vais être très sollicitée, je le suis déjà, mais ce que je veux préserver par-dessus tout, c’est de pouvoir écrire quand je veux et comme je veux. Jusqu’à présent, j’ai toujours privilégié ce pouvoir d’écriture. Cela veut dire aussi préserver une tranquillité dont j’ai davantage besoin à mon âge. Je ne sais pas comment font les autres Nobel, j’ai en tête Alice Munro qui est restée concentrée sur son écriture.
Avez-vous déjà en tête un prochain roman ?
J’ai un long travail en cours que je souhaite finir. Je n’ai pas publié de «vrai texte» , si je puis dire, depuis Mémoire de fille en 2016. Le Jeune Homme (2022) était la reprise et l’achèvement d’un écrit interrompu il y a vingt ans. Très court, il n’avait pas vocation à être développé ou à entrer dans un autre texte. Celui sur lequel je travaille a une certaine ampleur.
On a pu lire des extraits de vo