A la tête du Brésil pour la troisième fois en vingt ans, Lula Da Silva, revenu au pouvoir au début de l’année, peine encore à trouver ses marques, entre une économie qui patine et une opinion fracturée comme jamais après quatre années d’une extrême droite stridente sous Jair Bolsonaro. Armelle Enders, historienne spécialiste du Brésil et professeure à l’université de Paris 8, décrypte pour Libération ces débuts difficiles.
Passé le cap des cent premiers jours, que dire de ce troisième acte de Lula ?
Après le happening permanent de la présidence Bolsonaro, il y a un retour à une pratique présidentielle normale. Le nouveau gouvernement reconstruit les politiques publiques détricotées par l’extrême droite. Mais, dépourvu de majorité parlementaire, il est sur le fil du rasoir. Il n’y a pas d’état de grâce. L’opinion reste polarisée. Et le jeu de l’armée est inquiétant.
Quel est-il ?
L’armée fait payer à Lula sa loyauté, le fait qu’elle ait refusé d’intervenir pour maintenir Bolsonaro au pouvoir. Elle se comporte comme ces partis opportunistes qui monnaient leur soutien en échange de charges publiques. Des militaires ont ainsi été nommés, ces dernières années, à la tête d’agences fédérales et d’entreprises publiques. Or, Lula veut démilitariser l’Etat. L’armée va y perdre. C’est assez tendu