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Soit dit en passions (5/5)

Arthur Lochmann : «Pour la plupart des alpinistes, le vide autour de soi est une jouissance intense»

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Une saison à la montagnedossier
L’attirance pour les sommets enneigés n’a rien d’une folie des grandeurs : pour le philosophe et grimpeur amateur, la montagne est au contraire l’occasion de se confronter à sa peur en faisant l’expérience du vertige, source d’humilité essentielle.
(André Derainne/Libération)
publié le 19 août 2023 à 12h29

Dès l’enfance la question se pose, marguerite à la main : faut-il aimer un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ? A partir de quand l’attachement se fait-il violence, au point de dominer la raison et de prendre possession de nous ? Synonyme d’addiction ou d’élan irrésistible, de souffrances voire d’abus, la passion a mauvaise presse. Fascination pour le crime, fan attitude, passion en philosophie ou littérature, échauffé par l’été, Libé se met dans la tête de philosophes, d’écrivains ou d’aficionados pour explorer ce désir humain, trop humain pour être vaincu si facilement.

La montagne et ses sommets sont le lieu par excellence des exploits sportifs : l’un des derniers en date est signé Sophie Lavaud, devenue le 26 juin la première Française à entrer dans le club très sélect des «8000ers», ces alpinistes ayant réussi à gravir les quatorze sommets les plus hauts du monde, dans l’Himalaya. Mais pourquoi gravir des sommets ? Que gagne-t-on à repousser ses limites, défier les lois de la nature, se confronter au froid, à l’épuisement, au danger ? A la clé, il y aurait bien des vues à couper le souffle, une confrontation avec le sublime, un contact avec la nature dans l’ampleur de sa démesure.

Mais le jeu en vaut-il la chandelle ? Arthur Lochmann est philosophe,