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Entretien

Asma Mhalla : «Les géants de la tech déploient une vision du monde cohérente comme dans toute folie»

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Dans son essai «Technopolitique», la chercheuse à l’EHESS analyse la façon dont les grandes entreprises technologiques, avec leurs innovations ultra-sophistiquées, redessinent les rapports de pouvoir avec l’Etat. Ce qui rend nécessaire une réponse démocratique.
(Aseyn/Libération)
publié le 2 mars 2024 à 7h39

Un swipe, un like, une commande en ligne, et vous voilà petit soldat, casque sur la tête, d’un champ de bataille silencieux et invisible. Les réseaux sociaux, les applications et autres plateformes ont désormais plus à voir avec la guerre qu’avec le plaisir ludique de partager sa vie, de consommer ou de débattre de ses opinions avec un inconnu. C’est le constat de la chercheuse à l’EHESS, spécialiste de la géopolitique de la tech et des enjeux de l’intelligence artificielle (IA) Asma Mhalla, qui publie Technopolitique. Comment la technologie fait de nous des soldats (Seuil), un essai sur ce que l’usage massif de la technologie fait de ses utilisateurs et des démocraties. Selon la politologue, de nouveaux jeux de pouvoir s’articulent autour des géants de la tech américains, les «Big Tech», que sont Meta (ex-Facebook), Google, Amazon, Microsoft, ou la galaxie Elon Musk (Tesla, X, SpaceX…), qui ne sont plus simplement des entreprises privées mais aussi des acteurs géopolitiques et militaires, omniprésents d’un bout à l’autre de la chaîne de connectivité, de la captation des données aux infrastructures où elles transitent. A la fois collaborateurs et concurrents de la puissance publique, ils agissent en «agents perturbateurs» de nos vieux modèles démocratiques.

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