Le plus difficile à supporter, dans les heures et les jours suivant un attentat commis par un individu radicalisé et fiché S, c’est la flambée de discours démagogiques de la part de femmes et d’hommes politiques trop heureux de pouvoir clouer au pilori le pouvoir en place. Y a qu’à enfermer tous les fichés S et/ ou tous les cas psychiatriques, faut qu’on chasse tous les étrangers (et même les individus nés en France comme l’est l’auteur de l’attentat de la tour Eiffel samedi ?), on en passe et des meilleures. Certains, pour se défausser, préfèrent reporter la responsabilité de l’attaque sur quelqu’un d’autre, à l’image du ministre de l’Intérieur qui, lundi, a évoqué «un ratage» dans le suivi psychiatrique du terroriste, provoquant aussitôt un tollé des psychiatres. La réalité, c’est qu’il est malheureusement très difficile de distinguer les cas psychiatriques des cas de radicalisation. L’un et l’autre peuvent se nourrir, les radicalisés souffrant souvent d’instabilité psychique, comme nous le rappelle dans ces pages le psychiatre Daniel Zagury. Si l’on ajoute à cela qu’il est très difficile, voire impossible, de soigner les gens sous contrainte, on comprend la difficulté de la tâche.
Ce qui est vrai, c’est que la menace islamiste reprend de la vigueur depuis quelques mois, comme on l’a vu avec l’attentat d’Arras, et que la guerre Hamas-Israël ne risque pas d’apaiser des esprits déjà échauffés. Selon les différents services antiterroristes français, cette menace serait pour beaucoup le fait d’adolescents de 13 à 18 ans fascinés par la violence et enfermés dans une sorte de bulle numérique, rapporte notre enquête. Autant de sujets d’inquiétude à huit mois de Jeux olympiques qui devraient drainer plus d’une dizaine de millions de personnes à Paris. Officiellement, pas question de revoir à la baisse le dispositif prévu. En coulisses, beaucoup s’arrachent les cheveux. La tour Eiffel, symbole de la France, n’a pas été choisie au hasard par celui qui a tué au couteau un touriste allemand samedi soir.