Cycliste amateur au physique de sprinter, il balade son épaisse moustache et ses cheveux longs jusqu’aux épaules sur les routes d’Ile-de-France comme sur les plateaux télé, en promo pour Téléréalité (éd. Gallimard, NRF). Cyrano en cuissard sur un vélo, devenu objet de son propre objet : le petit écran. Ancien libraire, philosophe de formation, descendant stylistique de Michel Houellebecq, l’écrivain Aurélien Bellanger, né en 1980, dans une famille de la classe moyenne, poursuit son échappée dans la course à étapes du roman théorique ou de la théorie romanesque. Après le Minitel, le TGV, le Grand Paris ou l’Europe, il s’attaque à la pente déclinante de la télé du XXIe siècle et son ultime aboutissement : Loft Story, vingt ans cette semaine. Les lofteurs de M6, «c’est ce qu’on a vu de plus précis, de plus français depuis les Mythologies de Barthes», dit l’un de ses personnages. Ça crépite dans la tête d’Aurélien Bellanger, ça part dans tous les sens. Il observe «par intérêt de spectateur» les nouvelles passions politiques se déchirer dans l’ébullition des réseaux sociaux. #MeToo, Black Lives Matter : on assiste à «la fin de la fin de l’histoire», dit-il. Lui qui s’est toujours un peu méfié des idéologies.
En quoi la télévision est-elle pour vous un objet de curiosité intellectuelle ?
Lorsque j’arrive à Paris au tournant des années 2000, je consomme énormément de télé. C’est la première fois que j’ai un poste dans ma chambre. On su