Comment continuer à écrire sur l’écologie et les maux de la société de consommation quand notre mode de vie est précisément à l’inverse des théories qu’on professe ? Certains s’adonnent à un délicat exercice de dissonance cognitive et critiquent férocement le matin le consommateur qu’ils sont le soir. D’autres, comme le philosophe Aurélien Berlan, ont fait le choix de prendre la clé des champs. C’est donc au milieu des collines du Tarn, à une demi-heure de Toulouse, qu’il faut se rendre sous le froid soleil de janvier pour le rencontrer.
Il nous accueille à la ferme – propriété d’un ingénieur démissionnaire devenu agriculteur, derrière la chèvrerie, au milieu d’une petite chênaie. Il y vit dans une yourte XXL fabriquée par sa compagne et aménagée avec soin : un puits de lumière éclaire l’étagère garnie de livres, le plan de travail où des fruits glanés alentour sont entreposés au milieu des conserves (maison, bien sûr), et des cartons pour préparer le déménagement prochain dans une ferme en dur, à l’autre bout du Tarn. «Je crois que je pense mieux quand je suis au potager que devant mon ordinateur. Je n’aurais sans doute pas pu écrire ce livre si je n’avais fait le choix d’une vie plus autonome», raconte-t-il d’une voix douce en montrant les collines qu’on voit depuis la porte-fenêtre.
Son dernier livre Terre et Liberté (éditions La Lenteur) érige en modèle cette quête d’autonomie contre le «fantasme de délivrance». Le philosophe néorural s’en prend notamm