Le coup d’envoi de la campagne présidentielle américaine sera donc donné à l’occasion du caucus républicain dans l’Iowa, ce lundi. Et c’est peu dire que ses enjeux sont colossaux, pour les Américains bien sûr, mais pas seulement. Il se passera évidemment beaucoup de choses d’ici le mois de novembre, mais la photo au moment du top départ n’a pas grand-chose de rassurant. Donald Trump, qui n’a pourtant participé à aucun débat de la primaire, figure plus que jamais comme le grand favori de la compétition dans le camp républicain. Pour ce premier rendez-vous dans l’Etat conservateur de l’Iowa, la question n’est pas de savoir s’il va l’emporter, mais s’il va d’emblée tuer le match. L’étoile filante Ron DeSantis n’est plus que l’ombre de lui-même. Nikki Haley arrive certes à séduire l’électorat conservateur qui n’en peut plus de Trump, mais il est difficile de l’imaginer jouer un vrai rôle de trouble-fête. Et si la décision de la Cour suprême qui doit statuer sur l’éligibilité de l’ancien président est une vraie épée de Damoclès au-dessus de sa tête, la plus haute juridiction américaine est, rappelons-le, composée en majorité de juges républicains, dont trois nommés par l’ancien locataire de la Maison Blanche.
Rien ne semble pouvoir empêcher Donald Trump – pourtant multi-inculpé, soupçonné d’avoir été l’instigateur de l’assaut du Capitole – d’avoir sa revanche face à Joe Biden. Et c’est évidemment inquiétant. Ce come-back ne pourra qu’accentuer les fractures d’une société américaine coupée en deux lors du dernier scrutin. Sur le terrain international, ce serait une très mauvaise nouvelle, et pour l’Ukraine, et pour le Proche-Orient. La première a besoin de davantage d’aide militaire et financière. Trump fera l’inverse. En Israël, Benyamin Nétanyahou sera conforté dans sa folle stratégie guerrière. Le retour en force de Trump, et la perspective d’une possible réélection, serait enfin un très gros coin enfoncé contre les démocraties libérales et leur combat contre les vents ultraconservateurs, complotistes, poussés par l’industrie médiatique de production de fake news, qui souffle un peu partout, aux Amériques mais pas seulement.