Menu
Libération
Newsletter L

Aux gros ventres des femmes, la matrie reconnaissante !

Article réservé aux abonnés
Dans un livre à mi-chemin entre l’enquête sociologique et le traité philosophique, Camille Froidevaux-Metterie explore la question de la grossesse, avec les récits de 28 personnes rencontrées à la maternité de l’hôpital Bichat, à Paris. De quoi rendre visible une expérience encore trop «naturalisée» et pourtant si politique.
(Mona Alikhah/Plainpicture)
publié le 1er septembre 2023 à 11h34

Cet article est issu de L, la newsletter féminisme et sexualités publiée le samedi. Pour recevoir L qui reprend ce samedi, inscrivez-vous ici ! Et rejoignez le groupe WhatsApp L en cliquant .

Politiser la maternité, voilà la grande affaire des féministes depuis quelques années. Qu’on la revendique ou qu’on la refuse, les ouvrages sur le sujet se multiplient, les podcasts et les récits abondent, de qualité inégale, certes, mais le foisonnement est là (lire Judith Aquien, Trois mois sous silence. Le tabou de la condition des femmes en début de grossesse, Payot, 2021). Le féminisme des années #MeToo offre, en effet, une place majeure à ce que la philosophe Camille Froidevaux-Metterie appelle la «bataille de l’intime», dans laquelle on peut enfin penser l’expérience inédite et paradoxale de la maternité (le Corps des femmes. La bataille de l’intime. Points, 2021).

«Enfin», car sur cette expérience si largement partagée au sein de l’espèce humaine, on ne lit quasiment rien dans les textes, la chose n’étant historiquement pas «objet de philosophie, encore moins de réflexion», pose la philosophe en préambule. Dans la vie des idées, on a cheminé avec l’idée que «la grossesse ne se questionne pas, elle se vit», et ce «depuis les origines antiques de la philosophie et l’exclusion de