Menu
Libération
Newsletter L

Aux origines du rose, de Barbie à Kanye West

Article réservé aux abonnés
«Barbie», un film phénomènedossier
Du cerisier du Japon au Minitel rose, le chercheur Pierre-William Fregonese déconstruit le cliché sexiste de la couleur tout en retraçant une histoire de la «pinkification du monde».
Photo extraite du film «Barbie», de Greta Gerwig, avec Margot Robbie et Ryan Gosling. (Warner Bros)
publié le 22 septembre 2023 à 7h31

Cet article est issu de L, la newsletter féminisme et sexualités publiée le samedi. Pour recevoir L, inscrivez-vous ici ! Et rejoignez le groupe WhatsApp L en cliquant .

De quoi «Barbie» est-elle le nom ? Celui d’une poupée, d’un archétype féminin, d’une industrie, d’un film ? Depuis cet été, le déluge de rose qui se déverse dans les salles obscures et au-delà l’a rendu évident : n’est-ce pas plutôt une couleur ? Et pas n’importe laquelle : un rose pas bonbon, pas poudré, ni nacré, fuschia ou satin, mais «sakura», soit volé aux fleurs de cerisier japonais, pourtant plus blanches que roses. Une teinte initialement couleur peau et aux airs de mirage, décrypte Pierre-William Fregonese dans un essai riche et méandreux, l’Invention du rose (PUF, 2023).

Installé un temps à l’Université des arts de Kobe, où les ciels embrasés l’ont sans doute inspiré, le chercheur en science politique nous embarque sur les tortueux chemins de « la «pinkification du monde», autrement dit «la mainmise d’une couleur qui n’existe pas, mais qui peuple nos imaginaires par l’intermédiaire de l’hyperpuissance japonaise, elle-même subjuguée par l’Europe et les Etats-Unis». C’est, écrit-il, en jouant