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De quoi «Barbie» est-elle le nom ? Celui d’une poupée, d’un archétype féminin, d’une industrie, d’un film ? Depuis cet été, le déluge de rose qui se déverse dans les salles obscures et au-delà l’a rendu évident : n’est-ce pas plutôt une couleur ? Et pas n’importe laquelle : un rose pas bonbon, pas poudré, ni nacré, fuschia ou satin, mais «sakura», soit volé aux fleurs de cerisier japonais, pourtant plus blanches que roses. Une teinte initialement couleur peau et aux airs de mirage, décrypte Pierre-William Fregonese dans un essai riche et méandreux, l’Invention du rose (PUF, 2023).
Installé un temps à l’Université des arts de Kobe, où les ciels embrasés l’ont sans doute inspiré, le chercheur en science politique nous embarque sur les tortueux chemins de « la «pinkification du monde», autrement dit «la mainmise d’une couleur qui n’existe pas, mais qui peuple nos imaginaires par l’intermédiaire de l’hyperpuissance japonaise, elle-même subjuguée par l’Europe et les Etats-Unis». C’est, écrit-il, en jouant