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Interview

Benjamin Lévy: «Les politiques ont le sentiment d’être concurrencés par les revendications citoyennes»

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Des gilets jaunes aux antivax en passant par #MeToo, le philosophe et psychanalyste analyse comment se structurent les revendications de l’époque. Des mouvements qui naissent d’un sentiment de frustration mais peuvent être forces de proposition.
Départ près de Perpignan (Pyrénées-Orientales) de l'un des convois de la liberté, qui doivent converger vers Paris, puis Bruxelles, le 9 février 2022. (David Richard/Transit pour Libération)
publié le 15 février 2022 à 19h11

Avant le «convoi de la liberté», les gilets jaunes et #MeToo, il y avait les Indignés et les grèves de 1995. Les mouvements de contestation se suivent et ne se ressemblent pas, chacun animé par ses raisons propres et débouchant sur des formes de mobilisation différentes. Et les sociologues se posent, à chaque nouvel épisode, la même question : «Avec quelles lunettes observer et interpréter la situation ?» Le philosophe et psychanalyste Benjamin Lévy propose, dans l’Ere de la revendication. Manifester et débattre en démocratie (Flammarion, 2022), de considérer que les nouveaux mouvements diffèrent des précédents car ils ne militent pas contre, mais pour : pour plus d’égalité, pour une justice environnementale, pour éviter la fin du monde et améliorer les fins du mois.

De quoi le convoi de la liberté est-il le symptôme ?

Ce mouvement s’inscrit dans la continuité des gilets jaunes et, bien sûr, des anti-pass ou anti-vax. Les premiers étaient surtout mus par une exigence égalitaire ; ils revendiquaient un amoindrissement des inégalités économiques et sociales. Quant aux seconds, c’est leur liberté qu’ils mettaient en avant : se faire vacciner ou pas. Et l’on retrouve