Non, les habitants des campagnes qui votent Rassemblement national ne se sentent pas tous «oubliés» par les habitants des grandes villes. C’est l’un des enseignements de Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin (La Découverte, 2019) du sociologue Benoît Coquard, qui a mené ses recherches dans le Grand Est. Avec les derniers succès dans les urnes, les électeurs de Marine Le Pen ou de Jordan Bardella portent au contraire un discours de vainqueurs, et affirment une nouvelle centralité.

Les militants de gauche s’organisent pour tracter hors des grands centres urbains. Ces démarches ont-elles des chances d’aboutir ?

Quand je posais des questions aux gens de classes populaires sur leur affinité politique – ce qui ne veut pas dire qu’ils votent, car beaucoup s’abstiennent –, beaucoup me disaient être «au centre», parfois «de droite». Mais quand je leur demandais quelle était leur personnalité politique préférée, c’était «Marine». Cela donne une idée de comment les habitants des terres RN se représentent le champ politique. La gauche est invisible ou discréditée par ses opposants sur place et dans les médias consommés par ces catégories sociales. Dans les campagnes en déclin, les discours de gauche sont invisibles ou d’emblée discrédités. La politique se résume au match Macron/Le Pen. Les militants du Nouveau Front populaire (NFP) arrivent avec une image négative. L’union des gauches a beau renforcer la gauche, en face, le RN est p