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Entretien

Bertrand Badie : «En se retrouvant dans le même camp, Etats-Unis et Russie mettent l’Ukraine en position de soumission»

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Le trumpisme décortiquédossier
Pour l’expert en relations internationales, les votes conjoints des Etats-Unis et de la Russie, le 24 février à l’ONU, comptent parmi «les faits les plus remarquables depuis la guerre froide». Il analyse les conséquences de cette «connivence» entre les deux puissances pour l’Ukraine et l’Union européenne.
Les partisans de l'Ukraine rassemblés à Times Square pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2025 à New York. (Spencer Platt/Getty Images. AFP)
publié le 28 février 2025 à 5h37

La violente charge de Donald Trump et J.D. Vance à l’encontre de Volodymyr ­Zelensky à la Maison Blanche vendredi s’inscrit dans une stratégie bien réfléchie, selon Bertrand ­Badie, professeur émérite à Sciences-Po et auteur de l’essai l’Art de la paix (Flammarion, 2024). Quatre jours plus tôt et pour la première fois depuis le début de l’agression russe en 2022, les Etats-Unis et la Russie avaient en effet voté conjointement deux textes à l’ONU.

Les Etats-Unis ont d’abord voté contre une première résolution de l’Ukraine et ses alliés européens Celle-ci a tout de même été adoptée à l’Assemblée générale de l’ONU par 93 voix pour, 18 contre, et 65 abstentions, sur un total de 193 Etats membres. Les Américains ont répliqué en soumettant une ­autre résolution qui plaide pour mettre fin à la guerre le plus rapidement possible, mais sans faire référence à l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Ce texte, modifié par les Européens qui ont rétabli la responsabilité de la Russie, a aussi été adopté.

Mais les Etats-Unis ont ensuite soumis leur version originale au vote du Conseil de sécurité de l’ONU, où tous les amendements proposés par les membres de l’Union européenne et le Royaume-Uni ont été rejetés. La résolution a été adoptée par 10 voix pour, et aucune contre. Les pays euro­péens se sont abstenus, y compris la France et le Royaume-Uni qui disposent pourtant d’un droit de veto.

Pour Bertrand Badie, ce vote