Du purgatoire chrétien aux tables qu’on fait tourner, des rites vaudous aux maisons hantées, la communication avec les morts a taraudé toutes les sociétés humaines. Historiennes, écrivains, philosophe, géographe et même un médecin légiste archéologue ont accepté de jouer les chasseurs de fantômes cet été dans Libération. Une exploration qui montre que les fantômes sont plus présents que jamais, une impulsion de vie et le symptôme d’un passé qui ne passe pas.
Comment une historienne choisit-elle les fantômes pour champ de recherche ? Caroline Callard y est venue lors d’un long travail sur Florence au XVIIe siècle, à l’heure où la cité vivait hantée par son glorieux passé. A chaque époque, à chaque société, ses fantômes. Dans le très littéraire le Temps des fantômes. Spectralités de l’âge moderne (XVIe-XVIIe siècle), elle décrit le «moment spectral» qui traverse l’Europe au XVIIe siècle, quand, après les grandes catastrophes, guerres ou épidémies, les fantômes sont partout : dans les maisons hantées, les archives des tribunaux, les débats théologiques (1). Notre époque n’est pas en reste, qui peuple de revenants ses séries télévisées comme ses œuvres d’art contemporain. Car pour Caroline Callard, en incarnant notre droit à la peur, les fantômes nous permettent aussi de résoudre des conflits qu’il faut bien finir par affronter.
Vous dressez un portrait sensible des fantômes, loin de leur image éthérée…
Les fantômes sont têtus, pugna