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Interview

Catharine MacKinnon : «Viol ou agression, le consentement sert à justifier l’obéissance des sans-pouvoir à la loi des puissants»

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Violences sexuellesdossier
La célèbre féministe et juriste américaine se livre à une vive critique de la notion pourtant présentée comme un sésame. Dans un essai publié en France, celle qui a conceptualisé le harcèlement sexuel invite à repenser la législation du viol et des agressions sexuelles en partant des inégalités de pouvoir.
L'avocate féministe et essayiste américaine Catharine MacKinnon à la maison de la Radio, à Paris le 24 octobre. (Camille McOuat/Libération)
publié le 26 octobre 2023 à 16h50

Avant #MeToo, il y eut Catharine MacKinnon. Juriste de formation, militante impitoyable contre les violences sexuelles, la féministe américaine a joué un rôle pionnier et déterminant pour faire évoluer les consciences et la société. L’élaboration du concept de harcèlement sexuel et sa reconnaissance, c’est elle. Dès la fin des années 70, alors toute jeune universitaire sortie de Yale, elle théorise le harcèlement comme une discrimination de sexe. Une façon inédite de faire reconnaître par le droit ce qui était considéré comme un classique de la vie d’entreprise. La notion entre dans la législation américaine en 1986, en 1992 pour la France.

L’autre grand engagement de Catharine MacKinnon est son irréductible combat contre la prostitution et la pornographie. Durant les sex wars qui déchirent le mouvement féministe américain dans les années 80, elle s’oppose vivement aux féministes pro-sexe et queer de son pays (Gayle Rubin, Pat Califia, Judith Butler…) et livre un combat judiciaire contre l’industrie du sexe. De ce côté de l’A