Cher Emmanuel,
On ne se connaît pas vraiment même si on s’est déjà rencontrés plusieurs fois. On a même failli partir en Algérie ensemble, patrie de mes parents, en août 2022, moi, en tant que journaliste accrédité, toi, en tant que toi, «Président de tous les Français», basanés compris. La première fois que je t’ai vu, c’était en 2021 sur le pont de Bezons pour la commémoration du 17 octobre 1961. Tu t’étais recueilli pour rendre hommage aux Algériens massacrés par la police de Papon. Tu semblais tellement sincère que j’ai versé une larme.
La seconde fois, tu venais prendre un bain de foule à Saint-Denis entre les deux tours de l’élection présidentielle. Tu te souviens ? Tu avais été accueilli en héros. Ton visage était radieux, tu riais comme un enfant à qui on venait d’offrir de sublimes cadeaux à Noël. A Saint-Denis, contrairement à d’autres endroits de France, personne ne t’avait giflé, moqué, insulté. Ici, dans la ville où sont enterrés les rois de France, tu étais l’homme providentiel, le rempart à l’autre, la candidate de l’extrême droite, qui menaçait d’accéder au pouvoir.
J’ai pris sur moi, j’ai laissé ma fierté
Nous, les métèques de tout poil, on flippait à mort. Parce qu’on savait que la préférence nationale à la sauce Marine concernerait tous les non blancs, les étrangers, les Français. Nous tous.
Je n’ai jamais été fa