«Personne n’a jusqu’à présent déterminé ce que peut le corps», estimait Spinoza. De la répression des mouvements démocratiques dans les pays arabes ou en Iran aux guerres actuelles en Ukraine ou à Gaza, l’épreuve physique de ceux qui résistent est une souffrance infinie. Ces politiques de la terreur, estime l’anthropologue Chowra Makaremi dans son dernier livre Résistances affectives (la Découverte, 2025), sont sciemment menées pour sidérer, atomiser les liens d’attachement, empêcher toute forme d’organisation collective.
C’est en passant par l’indignation que l’on sort de la sidération, juge la spécialiste de l’Iran, et que le chagrin et la colère se transforment en une nouvelle puissance d’agir. C’est ce qu’elle appelle les «résistances affectives», réhabilitant en politique le rôle majeur des émotions, trop souvent considérées comme égarement face à la maîtrise de la raison.
Il y a trois ans, le 16 septembre, mourait Jina Mahsa Amini après son arrestation pour ne pas avoir porté son voile correctement, déclenchant le mouvement Femme, vie, liberté. En quoi la répression