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Libération
Entretien

Chowra Makaremi, anthropologue : «La cruauté est mise en spectacle pour gouverner par la peur»

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Ukraine, Gaza, Etats-Unis, Iran… La violence des Etats, entre intimidation, répression et assassinats, nous plonge dans la sidération et nous paralyse politiquement, selon l’anthropologue Chowra Makaremi. Face à cela, des résistances qu’elle nomme «affectives» peuvent recréer du lien et de la mobilisation.

En 2016, à Santiago du Chili, lors d'une manifestation rappelant le coup d'Etat du 11 septembre 1973. (Carlos Vera /REUTERS)
ParCécile Daumas
Rédactrice en chef adjointe - Idées
Anastasia Vécrin
Publié le 19/09/2025 à 11h00

«Personne n’a jusqu’à présent déterminé ce que peut le corps», estimait Spinoza. De la répression des mouvements démocratiques dans les pays arabes ou en Iran aux guerres actuelles en Ukraine ou à Gaza, l’épreuve physique de ceux qui résistent est une souffrance infinie. Ces politiques de la terreur, estime l’anthropologue Chowra Makaremi dans son dernier livre Résistances affectives (la Découverte, 2025), sont sciemment menées pour sidérer, atomiser les liens d’attachement, empêcher toute forme d’organisation collective.

C’est en passant par l’indignation que l’on sort de la sidération, juge la spécialiste de l’Iran, et que le chagrin et la colère se transforment en une nouvelle puissance d’agir. C’est ce qu’elle appelle les «résistances affectives», réhabilitant en politique le rôle majeur des émotions, trop souvent considérées comme égarement face à la maîtrise de la raison.

Il y a trois ans, le 16 septembre, mourait Jina Mahsa Amini après son arrestation pour ne pas avoir porté son voile correctement, déclenchant le mouvement Femme, vie, liberté. En quoi la répression